La difficile rétention du travailleur expérimenté

Retenir le travailleur expérimenté n’est pas chose facile. Les entreprises éprouvent encore de la difficulté à prendre leur responsabilité face à une réalité démographique exacerbant une problématique de pénurie de main-d’œuvre. Même Québec, en tant qu’employeur, emprunte au double discours.

Les dernières données demeurent éloquentes. Statistique Canada indiquait vendredi que le taux de chômage est tombé sous les 5 % à 4,9 % en avril au Québec — contre 6 % en Ontario, soit le taux le plus faible depuis que l’agence fédérale collige l’information, en 1976. Il est descendu à 5,1 % à Montréal, à 3,3 % à Québec, confirmant une fois de plus que « le bassin de travailleurs ne cesse de rétrécir », a commenté Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins. « Au Québec, la population des 15-64 ans n’augmente presque plus, alors que l’Ontario continue à avoir une bonne croissance, avec une structure d’âge différente et une immigration beaucoup plus importante. »

La part des personnes de moins de 60 ans qui ont quitté le marché du travail est passée à 27% en 2018, comparativement à 43% en 2009.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, disait donc partir en campagne cette semaine auprès des retraités et des travailleurs dits expérimentés pour les inviter à revenir sur le marché du travail ou à y rester plus longtemps. Avec sa Grande corvée 2.0, il pointait en direction des employeurs, les invitant à améliorer les emplois et les diverses conditions offertes, incluant les salaires et autres avantages sociaux. Une réponse est venue le lendemain de la Fédération des chambres de commerce du Québec qui, étude en main publiée en novembre, faisait l’apologie des subventions et d’un report de l’âge de la retraite. Reprenant l’une des conclusions du rapport d’une soixantaine de pages daté du 21 novembre dernier, on est revenu sur un élément de la solution consistant à « envisager de repousser l’âge de la retraite afin que le Québec s’arrime aux autres pays membres de l’OCDE. La majorité des pays préconise 67 ans. Ainsi, il faudrait repousser l’âge d’admissibilité à la rente anticipée du RRQ en conséquence ».

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Paru sur ledevoir.com (Le 16 mai 2019)

Par Gérard Bérubé