Avec un taux de chômage historiquement bas, les sans-emploi n’ont jamais été aussi convoités au Québec. Pourtant, des dizaines de milliers de prestataires de l’aide sociale et de petits salariés peinent encore à joindre les deux bouts. Portrait des oubliés du plein-emploi.
Jeudi matin, des centaines de personnes faisaient la file devant la banque alimentaire La Bouchée généreuse, à Québec, pour recevoir des produits de subsistance. Quand on demande au directeur, Pierre Gravel, s’il perçoit des impacts positifs de la vitalité économique, il se crispe. « Nous autres, ça augmente tout le temps ! C’est beau de dire que le chômage baisse, mais les gens n’arrivent pas ! On a 500, 550 familles toutes les semaines. »
À la Maison Lauberivière non plus, un refuge de la Vieille Capitale, on ne sent pas trop les effets « positifs » de la rareté de la main-doeuvre. « Je n’ai jamais refusé autant de gens en hébergement, explique le directeur, Éric Boulay. Encore hier, quatre hommes [se sont présentés]. Depuis deux, trois ans, l’itinérance a explosé. »